Chers amis,
J’ai abandonné le crayon de papier pour le stylo encre avec réservoir à piston. Abandon aussi de ma vocation ou plutôt de ma prétention de dessinateur de belles lettres. Je ne peins plus les phrases, je les gribouille et si l’une d’elles doit ressembler à quelque chose c’est davantage à un tableau moderne où les couleurs se mélangent sans forme plutôt qu’à l’esquisse épurée de certains tableaux de grands maîtres. Je gribouille donc mes phrases au stylo plume. Quand j’imagine un poème, je bafouille mon vers, compte les pieds, les recompte (vive les doigts !), rature le tout, recommence, change un mot, en invite d’autres, remplis une page de quelques lignes que, sur l’instant, je trouve satisfaisantes. Utiliser un stylo plume me permet de me concentrer. Point de bruits du clavier, pas de lumière dans les yeux, pas de bruits de ventilateur quand l’ordinateur, sans doute épuisé, se met à souffler comme un sportif de haut niveau. Je mesure l’avancée de mon travail, je la visualise au nombre de biffures. Rien à voir avec la touche return qui efface en une seconde le fruit d’un travail imparfait et l’envoie aux oubliettes. Le soir, quand je compte le nombre de pages raturées, je me dis que j’ai bien travaillé ! Je les conserve ces pages, pieusement, dans une armoire fermée à clé. Lorsque je les reprends, des souvenirs me reviennent, je les situe dans le temps, celle-ci fut écrite l’été les persiennes baissées et je revois tel mot s’avancer dans une partie ensoleillée de la page, suivi par un autre, plus peureux, dissimulé dans l’ombre…
Et ces quelques lignes, offertes aux lecteurs du Destin de Julie, ou simples curieux, l’ont été le soir du réveillon de Nouvel An devant une cheminée crépitante d’allégresse.
Belle et bonne année, belle vie à tous !
Stéphane Audeval
Le Destin de Julie, disponible aux éditions Maïa