Les mots, ces compagnons de jeu…
J’ai toujours beaucoup écrit. Durant ma carrière professionnelle mes écrits furent très techniques. C’était des cours de droit dispensés à mes étudiants ou l’argumentation juridique versée à l’appui des dossiers des clients que je représentais devant les différentes juridictions. La rigueur du juriste devait s’exprimer pleinement. Devenu retraité, j’ai commencé à écrire de la poésie. C’est à ce moment-là que l’ai véritablement découverte. Certes La Fontaine et quelques autres avaient accompagné ma scolarité. Mais ce que j’en avais appris ne m’avait pas séduit. Maître Corbeau sur un arbre perché…et gnan gnan gnan et gnan gnan gnan. Je tremble encore d’avoir eu à réciter la fable devant toute la classe sous l’œil mi bienveillant mi sévère du maître d’école. Il faut croire que les graines semées, avec patience et dévouement par les enseignants qui eurent à s’occuper du petit rebelle que j’étais, ont mis du temps à éclore. Depuis, la poésie ne m’a plus lâché. Je retrouve dans la rigueur de la prosodie classique celle dont doit faire preuve le juriste, la liberté, le rêve, le merveilleux en plus ! Il est très difficile, en quelques mots, de faire passer un message et une atmosphère. Mais quel plaisir ! Jouer avec les mots comme ils jouent avec nous, avec les sons, les parfums, les couleurs est une source infinie de satisfaction.
Stéphane Audeval
Le Destin de Julie, disponible aux éditions Maïa