Un jeune Pied-Noir nous raconte sa rencontre en 1961, dans un bar d’Oran, avec un détective alsacien arrivé dans cette cité à la recherche d’une jeune Allemande disparue de son pays. Il nous conte comment il se lie d’amitié avec lui et l’aide à retrouver et protéger malgré elle cette jeune femme, égarée dans un groupe de police parallèle qu’il s’apprête, avec son commando, à éradiquer.
Entre fureur et nostalgie, dans cette ville embrasée par la guérilla urbaine où chacune de ses actions lui rappelle paradoxalement un souvenir heureux de son enfance, il ne nous cache rien de la violence de ses actes. Il nous fait vivre, au jour le jour, au sein de son quartier, la dernière année d’existence française de cette métropole et sa lutte désespérée contre les forces gouvernementales et le terrorisme F.L.N. Il nous dit sa haine pour ceux qui veulent effacer son identité en le chassant de sa ville et sa rancœur pour ceux qui ont méprisé cette cité, la jugeant trop près de l’Espagne et pas assez de l’Afrique.
L’attachement qu’il va se découvrir pour cette femme étrangère qu’il tente d’exfiltrer de la ville, à l’encontre de ses sentiments, l’aideront finalement à consommer sa défaite à la terrasse du Musset, ce bistrot sous les arcades oranaises.
Dans la bouche d’un personnage imaginaire, j’ai voulu mêler mes souvenirs d’enfance aux terribles actions de la résistance à la décolonisation de mon pays. Naissance d’une amitié entre deux hommes qui croient se connaître, et d’une liaison sentimentale entre une femme qui perd l’homme qu’elle aime et un jeune combattant qui perd la ville qui l’a vu naître. Deux passions qui se perdent pour se réunir et n’en faire qu’une. Dans un monde qui sombre dans un quotidien d’une extrême violence, le narrateur ne nous cache rien, laissant heureusement quelques fois surgir l’humour dans ses propos. On y trouvera l’évocation d’un tragique chapitre de l’histoire de notre pays et les anecdotes vécues au jour le jour qui aident souvent à comprendre la grande Histoire, en chassant les idées reçues. Les nostalgiques, qui reconnaîtront ce monde disparu, revivront la description brutale et réaliste d’une insurrection, humanisée par des personnages parfois d’une grande sensibilité.
Marcel Sanchez
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