Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Lorsque mon livre est paru, j’ai tout d’abord été très heureuse que l’on ait cru en moi, cela m’a procuré un sentiment réconfortant de légitimité. Mon histoire extraite de moi allait pouvoir être lue, elle devenait réelle en dehors de moi, j’allais enfin pouvoir être entendue, me sentir exister. Puis un sentiment de grand vertige a suivi, qui est rapidement passé grâce aux retours très appréciables de mes lecteurs.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Les premiers lecteurs ont été très touchés par mon livre. Puisqu’il est inspiré de mon histoire, il remue les proches, mais aussi les inconnus. Apparemment, il a fait verser quelques larmes !
Concernant mon entourage, certains ont découvert toute une partie de moi qu’ils ne soupçonnaient pas et ont tantôt été « émus, impressionnés, choqués, bouleversés », selon leurs termes. Les retours ont été très chaleureux, de nombreux liens se sont ainsi resserrés, c’est un très beau cadeau.
Des lecteurs m’ont remerciée pour avoir mis des mots sur des sensations enfouies en eux, indistinctes, gênantes ou douloureuses. Il y a eu de nombreuses identifications auxquelles je ne m’attendais pas forcément, ce qui m’a beaucoup touchée. On m’a dit que mon récit faisait réfléchir, avancer, ou mûrir, eu égard au dépassement des obstacles traversés et à l’analyse psychologique qui accompagne l’histoire de cette enfant.
Ce que l’on me renvoie le plus, c’est le courage, la force de vie et l’amour que le lecteur ressent en filigrane du texte, malgré les blessures. Je ne m’en rendais pas compte, et cela me fait vraiment plaisir. On me remercie souvent pour ce partage, c’est toujours aussi étonnant que touchant.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Je retiens qu’il faut s’écouter et se faire confiance. Le premier objectif de mon récit était cathartique. Ecrire mon histoire était un réel besoin, cela m’a permis de sublimer mes émotions. Mais ensuite, la faire lire, qu’elle intéresse, qu’elle soit reconnue, est pour moi une sorte de transcendance. Quand les mots nous traversent pour toucher l’autre, ils renaissent pour une nouvelle vie, c’est constructif et gratifiant. Que mon expérience puisse servir à d’autres, c’est évidemment ce que je souhaitais en publiant mon récit, mais jamais je n’aurais pu l’imaginer autant. Ma construction et ma sensibilité me servent bien entendu dans mon métier (je suis psychologue), mais dans ce rôle, je suis effacée, alors que dans mon livre, je m’expose.
Flavie de Montenay, auteure des Larmes d’une autre, disponible sur le site des Editions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.