Déjà toute petite, j’avais conscience que ce monde ne tournait pas « rond », que bien des choses relevaient d’un manque de bon sens, voire d’un inquiétant non-sens. Je me sentais bien seule face à cette problématique sans issue… bien seule dans cet univers grouillant d’êtres préoccupés par tant de choses, qu’il ne leur restait pas même un peu de temps ni l’envie de se poser la question la plus fondamentale, à savoir : « Qui suis-je, au-delà de ce que je suis devenu au fil du temps, à mon insu ? ».
Cela m’a peu à peu plongée dans un état de stress permanent, entretenu par des croyances donnant lieu à des réactions qui ont fini, avec le temps, par me scinder en deux. J’avais, d’une part, gardé un lien profond avec ce que je sentais être moi et je me suis retrouvée, sur le plan de la matière, aux prises avec tant de contraintes sur fond d’absurdité que cela n’a pas manqué de me jeter dans un mur… un mur érigé par mes propres croyances.
À bout de forces et en cruel manque d’inspiration, ayant fait le tour de tout ce que mon esprit était en mesure d’imaginer pour me relever de ce violent face à face avec moi-même, j’en étais arrivée à me poser une question cruciale : « Comment vivre, ou plutôt, survivre en étant ainsi disloquée, dans ce monde défini tel qu’il l’est, sachant que je ne peux le changer ? ». J’ai toujours eu, en moi, l’intime conviction que la vie n’était pas mal faite, qu’elle avait un sens malgré les apparences… quand bien même je n’étais pas encore en mesure de le percevoir, à ce moment-là.
S’en suivit une longue période consacrée à sonder mon rapport particulier à la vie… cet intime rapport que l’on entretient avec soi. Se retirer du circuit un temps et juste attendre que les choses se tassent n’a pas été plus concluant que la vaine tentative de favoriser les soi-disant aspects positifs de la vie, tentant désespérément d’ignorer les autres… ceux qu’on qualifie de négatifs. Seul ce que j’ai peu à peu trouvé au fond de moi, et qui ne manquait pas d’émaner face à un tel désarroi, a fini par m’extirper de cet enfer… en me ramenant au cœur même de l’être.
Il en ressort que la vie peut être vécue de bien des manières mais, quelle que soit la compréhension que l’on en a, elle ne tarde jamais à mettre en relief l’intime rapport que l’on entretient avec elle : « Tout ce que l’on nourrit dans son esprit est une amorce de création, ce qui sous-entend que ma réalité de chaque instant n’est que le fidèle reflet de tout ce que j’entretiens en moi (intentions, pensées, émotions, sentiments… ), instant après instant, de manière consciente… ou inconsciente ».
Cette prise de conscience primordiale ouvre sur une toute nouvelle perspective : l’opportunité d’interagir avec la vie en étant de plus en plus « Soi »… l’être fondamental.
Christiane Perrel
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