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Cercle Littéraire Confessions d’une prostiputescorte

Colère de pute

D’où vient la colère ? Au commencement, c’est un sentiment qui est décrit comme un des sept pêchés capitaux dans la Bible. On nous la décrit comme le produit des excès en paroles ou en actes, comme une violence que l’on ne peut pas ou plus refréner.
La vision de la colère en 2024, n’est-elle pas sexiste ? Car lorsqu’un homme l’ouvre trop fort, on dit bien souvent qu’il est charismatique ; mais, dès lors où c’est une femme, elle est hystérique. Cela aussi, nous provient de la Bible, tout au moins de son adaptation de Paul de Tarse, qui expliquait alors : « femmes, taisez-vous lors des Assemblées ».
On le sait, les comportements machistes d’aujourd’hui nous proviennent bien souvent des écritures cultuelles. Et quand ça concerne les putes, cette misogynie est alors poussée à son paroxysme. Mais une colère ne peut-elle être légitime ? 

Donc, notre colère de pute ne l’est-elle pas lorsque nos droits sont bafoués et que nous comme considéré(e)s comme des citoyen(ne)s de seconde zone ? en France, les putes sont considérées comme sous tutelle perpétuelle, parce que trop irresponsable pour choisir ce qu’elle veut faire de son corps.
Le couturier/ la couturière travaille avec ses mains, le footballer travaille avec ses pieds, tandis que la prostiputescorte travaille avec son sexe. En quoi cela est-il indigne ? Qu’amorale? Ah donc, nous y arrivons !
En fait, la législation liberticide sur la pénalisation du client datant d’avril 2016 n’est pas une loi de protection à notre encontre, mais une loi morale. Ainsi, elle ne vise pas à nous préserver contre ce qui serait mauvais pour nous, mais à nous préserver du vice, et du sexe sans sentiments, sans la notion de couple ou du mariage ! Il fallait le dire tout de suite, car, ne nous prenez pas pour des abruti (e)s, nous l’avons bien compris.
Et quelle est la punition ?  En sanctionnant nos clients potentiels d’une amende, vous privez certain(e)s d’entre nous d’une partie de nos revenus ! Et vous obligez parfois des Françaises et français, tout comme vous, chers ministres et député(e)s qui ont souhaité cette loi, à nous plonger parfois dans la misère, à priver parfois de soins médicaux, et d’une vie décente pour nos enfants.
Pour ma part, je fus en colère lorsqu’un mouvement abolitionniste, dont je ne veux même pas citer le nom, a expliqué, très sereinement, que le fait de faire une rencontre de ce type, était vécu comme un viol par la TDS. Déjà, d’où vous vous permettez de parler en notre nom et à notre place ? Puis, à mon sens, c’est manquer de respect aux trop nombreuses personnes qui subissent le viol dans notre pays !
Je fus aussi en colère, tandis que Morgane Merteuil, alors représentante du STRASS (principal syndicat en France, des travailleurs sexuels) fut accueilli par Najat Vallaud Belkacem, alors ministre des Droits de la femme, et ce afin de débattre de cette loi, an amont de cette dernière. On le sait, les dès étaient pipées d’avance, et ce ne fut que de la poudre aux yeux, comme pour donner l’impression de donner un os à ronger à des chien(ne)s enragé (e)s ! Nous ne le savions que trop bien alors, cela ne servirait à rien. Autant pisser dans un violon !
Mais, ne nous arrêtons pas en si besoin chemin, car le problème est d’ordre moral, donc aussi sociétal à mes yeux. La pute est une personne de mauvaise vie, à qui l’on doit tous les maux, la transmission de la peste au Moyen Age, la propagation du Covid il y a peu. On nous sort une loi qui nous considère comme des victimes, mais la société nous observe comme des monstres. N’est-il pas de pire insulte que celle de fils de pute ?
In fine, le contraire de la colère est la sérénité. Mais nous ne  pourrons trouver notre quiétude, notre paix que lorsque nous aurons les mêmes droits que chaque travailleur indépendant a acquis.

Chlotilde Rastignac auteure du livre Confessions d’une prostiputescorte

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