Le Diable existe : c’est ma mère
En 2004, je commençai à écrire quasi-automatiquement une nouvelle qui s’inspirait fortement de ma vie dissolue d’étudiant drogué. Les quelques pages griffonnées sur un bloc-notes quadrillé restèrent lettre morte pendant pratiquement 14 ans, jusqu’à ce que je décide en 2018 (année de mon mariage), impressionné par la qualité d’écriture et l’ambiance digne de Bret-Easton Ellis, de poursuivre le récit de ces trois ou quatre pages magistrales.
J’avais alors pour outil de travail un Netbook bleu foncé de marque Acer que j’avais emprunté de manière définitive à ma mère en 2015. Le Netbook datait de 2010, il était déjà obsolète pour ses besoins, mais il avait fallu insister avec acharnement pour qu’elle consente à me le donner. Son extrême radinerie l’avait même poussée à proposer de me le revendre à 50€, offre que j’avais refusée puisque de toute façon elle ne s’en servait plus, alors que j’avais enregistré plusieurs démos et maquettes de morceaux dessus.
Je tapai donc sur Word le contenu du manuscrit et me mis à poursuivre le récit entamé 14 ans plus tôt, en tâchant de rester dans le même style. Je baptisai le résultat “Nouvelle sous Effexor”, en référence au puissant antidépresseur qui m’avait inspiré le manuscrit de 2004.
En novembre 2019, mon ex-femme décida de divorcer et alla s’installer dans le studio du rez-de-chaussée. Ma vie se transforma instantanément en enfer et elle me fit subir une adaptation grandeur nature du film Shining. En janvier 2020, elle déménagea à Toulon et je me rendis compte qu’elle était aidée par ma mère qui complotait secrètement contre moi (notamment en poussant deux de ses sœurs à fournir des attestations accusatrices et mensongères contre moi pour me faire perdre la garde de ma fille). Ma mère et mon ex-femme se détestaient avec virulence. Je n’avais jamais été proche de mes deux tantes maternelles, mais jamais eu de conflit avec elles non plus. J’étais complètement traumatisé et mon sommeil se peuplait de cauchemars (c’est encore fréquemment le cas aujourd’hui).
Je ne trouvais plus le fichier de “Nouvelle sous Effexor”. Mes écrits étaient dispersés sur différents ordinateurs dans différents lieux géographiques, or je souffrais – et souffre encore – de problèmes de mémoire. Puis je me rappelai que le fichier numérique original était sur le fameux Netbook bleu, que j’avais dû laisser dans le placard du studio du rez-de-chaussée.
Elles me l’ont volé, purement et simplement, par pure malfaisance. Quand j’ai demandé à mon ex-femme de me restituer le Netbook, elle m’a répondu qu’il appartenait à ma mère. Elles n’ont même pas accepté de me restituer le contenu du disque dur, ou juste les fichiers que je cherchais. Pure œuvre de destruction.
Je n’ai jamais récupéré le fichier avec la suite de 2018, ni mon article “Capital génétique et capital financier” que j’ai dû réécrire pour Le Totalitarisme Libéral. J’ai porté plainte pour vol contre ma mère et mon ex-femme, sans jamais obtenir gain de cause.
J’ai retapé le manuscrit original, puis j’ai écrit une autre suite. Vous pouvez maintenant lire “Nouvelle sous Effexor” en intégralité dans mon recueil Les Cylindres Translucides et autres nouvelles, disponible aux éditions Maïa. Si vous voulez du naturalisme post-moderne, je vous le recommande.
Et si vous voulez lire la fameuse version volée de 2018, il faudra vous adresser à ma mère – mais à votre place, je garderais mes distances avec le Diable.
Fabrice L’Insatiable auteur du livre Les Cylindres translucides et autres nouvelles