Cercle Littéraire Apprenti détective

Peur du noir…

Qui n’a jamais eu peur du noir ?

Cette phobie, que l’on connaît tous de façon plus ou moins marquante principalement au cours de nos jeunes années, est intimement liée à notre imagination.

En effet, lorsque notre vue se retrouve coupée nos autres sens se voient alors démultipliés.

L’ouï par exemple est beaucoup plus fine et acérée. Chaque son, chaque bruit prend une autre ampleur. Des incertitudes apparaissent, on doute de tout, des craintes nous envahissent et c’est le début de la peur, de la panique.

On n’est pas serein… On se retourne sur soi-même… Encore et encore. On est inquiet… On cherche à vérifier la nature de chaque élément, chaque ombre, chaque bruit. 

Le souffle du vent s’assimile alors à des hurlements provenant du ciel, le craquement des arbres dénudés, le grincement des volets ou de vieilles grilles rouillées, le cri d’une chouette qui fait écho dans le néant profond et impénétrable de l’immensité noire. Tout ce qui nous parvient est du fait perçu comme étrange et terrorisant.

Devoir s’aventurer sur les sombres chemins de la campagne normande à des heures ou toute trace de vie est plongée dans le sommeil est une source d’anxiété particulièrement vive. Qui a connu ces marches seul dans l’obscurité et le silence le sait parfaitement.

Aller chercher mon car scolaire seul, à ces heures ou rien ne semble vivre, l’hiver, cette période particulièrement inhospitalière où même les arbres semblent morts, le silence pour seul compagnon, a été pour moi l’évènement déclencheur, celui qui m’a fait prendre la plume. A l’adolescence, lorsque l’on essaie de se créer une personnalité il est mal-venu d’avouer ses craintes et ses angoisses. La fierté que l’on peut éprouver lorsque l’on est un jeune homme de 17 ans  m’empêchait totalement de me livrer, tant envers mes amis que mes parents. J’ai par conséquent préféré écrire sur un cahier que je gardais bien soigneusement caché sous mon lit. Des années durant.

Ce cahier était pour moi le seul biais par lequel je pouvais évacuer mes frayeurs, et ainsi reprendre suffisamment de courage pour repartir le plus fort possible le lendemain matin.

Un début d’intrigue est donc né ainsi, alimenté par ce cadre sombre et noir qu’apportaient ces marches nocturnes.

Années après années j’ai pris plaisir à avancer cette histoire, petit à petit, y apporter une suite, un développement, à corser l’intrigue, le suspens.

Après 27 ans de petites avancées le point finale a été posé. 

L’histoire issue de toutes mes craintes d’enfance vous est disponible.

Mais la peur du noir guérie-t-elle pour autant ?

Julien Guillevic auteur du livre “Apprenti détective”