Bienvenue dans le cercle littéraire de l’Illusion des cîmes” et merci aux Éditions Maïa pour cette initiative. Elle vivra, cette initiative, par le dialogue. Sans cela, elle disparaîtra dans les limbes des inventions sans lendemain. Ce serait dommage.
Me voici face à ma feuille. Soazig, mon interlocutrice chez mon éditeur, m’a demandé d’écrire un article pour lancer le cercle littéraire. Et là, je coince. Car, si mon imaginaire d’auteur est une ressource vivante, je me sens mal à l’aise quand il me faut parler de mes textes. Donc, je ne vais pas me l’imposer.
Ce n’est pas une pirouette de fausse-modestie ; je crois profondément qu’une fois le livre édité et proposé à la lecture d’autrui, il ne m’appartient plus. En cela, il me semble que lorsqu’il rejoint les mains et l’esprit d’une lectrice, d’un lecteur, il entre dans l’univers intime de ces derniers. Il y est accueilli. Il n’est qu’à les écouter parler d’un même livre. Chacun projette sur lui ses propres références, ses expériences littéraires, artistiques, philosophiques, existentielles. Ses interrogations, ses espoirs. Le dialogue entre l’auteur et le lecteur est un échange d’univers à partir du livre. Mais ce livre, c’est entre les mains du lecteur qu’il repose désormais. Il vivra jusqu’à ce que les mains le ferment. Oh, secrètement, j’aimerais bien que cette clôture se produise après le mot “FIN”. Mais qu’y puis-je si les univers restent voisins, à la frontière l’un de l’autre ?
J’aime écouter ce que les lectures ont provoqué, les mondes nouveaux qu’elles font éclore. Régulièrement, je me pose cette question : à quoi sert d’écrire du roman, à quoi cela me sert-il ? Peut-être une réponse, provisoire, serait : créer des jardins publics où l’on s’assoit sur un banc avec d’autres.
Thème du livre :
Comment est née “L’illusion des cîmes” ? Difficile de ne pas trouver dans l’actualité et l’histoire récente des thèmes romanesques. Je fais un pas de côté, observe et m’interroge sur des lignes de force qui agissent en profondeur et influent sur l’évolution de notre société et de notre temps. Puis, je les étire et de cet étirement naît un univers, un “futur proche”. J’appelle les personnages qui erraient déjà au secret en moi, leur demande de me guider dans leur vie réelle, pour eux, et imaginaire, pour nous.
Parti littéraire assumé : je ne me satisfais pas d’un seul monde, d’une seule représentation de mon époque, d’où la rencontre entre dieux grecs (les trois qui subsistent) et personnages du futur.
Les thèmes qui structurent et dynamisent le récit :
– le pouvoir,
– la déstructuration sociale,
– la résistance,
– la lutte des femmes,
– le patriarcat.
L’ordre de ces items est laissé ici au hasard de l’écriture.
Le tout fait un récit dont on me dit souvent qu’il perturbe, questionne, emporte dans un univers surprenant et original.
Il commence par une visite aux Enfers. Nous y faisons la connaissance d’Élise Téphen qui constitue le fil rouge du roman. Puis… en 2038. Dans le quartier de Belleville à Paris, après l’effondrement d’un immeuble, la réaction populaire aboutit à la création de la “Commune Libre de Belleville”. L’expérience de propage et les “Communes Libres” tentent de réactiver les idéaux républicains et démocratiques. Ailleurs, la population se cloître en communautés repliées sur elles-mêmes. Jack Maltrant, affairiste et mégalomane, veut s’emparer du pouvoir. Y parvient. Mais c’est sans compter sur la belle et terrifiante Élise Téphen…
L’illusion des cîmes de Christian Thibout, disponible aux éditions Maïa